Etats-unis: les vétérans indiens enfin honorés

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Etats-unis: les vétérans indiens enfin honorés

26 novembre 2013 à 17:44:11 par El Coyotos

Vingt-quatre ans après la France, les Etats-Unis ont décerné mercredi au Congrès leur plus haute récompense civile à des Amérindiens dont le dialecte ancestral servit de code de communication indéchiffrable par les ennemis durant la Seconde Guerre mondiale.

"Au début de la Seconde Guerre mondiale, les déchiffreurs japonais avaient décrypté tous les codes secrets américains. Les commandants américains avaient besoin d'un code si obscur, une langue si inconnue, que même leurs propres décodeurs ne pourraient pas les déchiffrer", a raconté le chef de file du Sénat, Harry Reid, au Capitole, devant des centaines d'Indiens venus assister à la remise de la Médaille d'Or du Congrès à quelque 250 Indiens de 33 tribus, la plupart à titre posthum

"L'arme secrète parfaite deviendra ces langues oubliées par tous sauf quelques communautés isolées", a-t-il rappelé.

Un des rares vétérans "code talkers" encore en vie, le Seminole Edmond Harjo, 96 ans, était présent mercredi à la cérémonie organisée au Congrès.

"Il était temps", philosophait plus tôt cette semaine Wallace Coffey, le président élu de la nation des Comanches, qui a accepté l'hommage au nom de 17 soldats comanches, les "Numurekwa'etuu", qui ont combattu sur le front européen.

La France avait rendu hommage en 1989 à ces soldats indiens qui contribuèrent à l'effort de guerre américain. Pierre Messmer, ancien Premier ministre de Charles de Gaulle, avait alors fait Chevaliers de l'Ordre national du mérite les "code talkers" des tribus Choctaws et Comanches, lors d'une cérémonie dans l'Oklahoma.

Quelque 400 soldats de la tribu des Navajos ont déjà reçu en 2000 la Médaille d'Or du Congrès, mais ceux des autres tribus ont dû attendre 2008 pour que soit voté l'attribution pour eux de la même récompense et la cérémonie a finalement eu lieu mercredi.

"Le gouvernement américain a mis très longtemps à reconnaître quoi que ce soit d'importance pour les Indiens d'Amérique, et cela reste un sujet de frustration pour la communauté encore aujourd'hui", dit à l'AFP Herman Viola, auteur d'un livre sur la participation des Amérindiens aux conflits américains ("Warriors in Uniform", en anglais seulement).

Code secret

L'idée d'utiliser ces dialectes oraux germe en 1918 sur le front français dans la tête d'un officier américain, frustré de voir les communications américaines interceptées par les Allemands. Quatre de ses soldats sont Comanches.

"Il demande à ces quatre Comanches d'utiliser leur langage pour envoyer des messages militaires" sur les mouvements de troupes allemandes, explique à l'AFP Lanny Asepermy, historien de l'association des vétérans comanches. "Les Allemands n'ont absolument rien compris".

L'armée américaine reproduira cette méthode à grande échelle pendant la Seconde Guerre mondiale. A l'époque, même si certains dialectes indiens sont écrits, la grammaire, la prononciation et le vocabulaire des langues indiennes restent un mystère pour les Allemands et les Japonais.

Des centaines d'Indiens sont formés et chargés de transmettre des messages dans leurs langues. Parfois, faute d'équivalents, il leur faut transcrire avec des mots du quotidien: "avion" devient "oiseau" et "bombardier" "oiseau enceinte".

Un code plus sophistiqué est aussi utilisé par les Navajos, Comanches, Hopis et Meskwakis: à chaque lettre de l'alphabet latin correspond un mot indien. En Navajo, le mot "moasi" signifie "chat" et est donc utilisé pour signifier la lettre "c".

Une tactique étonnante, puisque le gouvernement américain a passé le XIXe siècle à tenter d'éradiquer la culture indienne. Lors de la Première Guerre mondiale, les Indiens ne sont pour la plupart pas citoyens américains, un droit qui ne leur sera conféré qu'en échange de leur engagement dans l'armée.

Irene Permansu Lane, 84 ans, est l'une des trois dernières veuves de "code talkers" comanches encore en vie. Elle a reçu une médaille au nom de son mari Melvin Permansu, décédé en 1963, après des décennies d'attente: "C'était un grand moment quand ça a enfin été accordé. J'étais submergée de joie quand on a enfin reconnu tout ce qu'ils ont fait".

🕸 Que tes pas marchent dans la beauté. Proverbe Navajo
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