Les conceptions des sioux oglala sur la vie et la mort

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Les conceptions des Sioux Oglala sur la Vie et la Mort

15 mai 2011 à 14:50:28 par Igmu Ska

Il m'arrive souvent de relire un petit ouvrage très précieux pour qui s'intéresse à la spiritualité Lakota, et particulièrement celle des Oglala de Pine Ridge. Il s'agit de "Oglala Religion" de William K. Powers, alors professeur d'anthropologie à l'Université Rutgers (New Jersey), publié en 1975 par les Presses de l'Université du Nebraska. Ce livre a été réimprimé plusieurs fois et traduit en français ("La Religion des Sioux Oglala", Collection "Nuage Rouge", Editions du Rocher, 1994). William K. Powers a été adopté dans sa jeunesse par une famille Sioux et il avait déjà passé trente cinq étés, lors de la publication de "Yuwipi" en 1982, sur la Réserve de Pine Ridge, dans le Dakota sud.
[Quelques mots d'ordre personnel avant d'aller plus loin : je ne m'intéresse pas à la Nation Lakota par simple curiosité ou par goût de l'exotisme, mais par un besoin profond. La société occidentale qui veut étendre à tous les humains sa vision du monde ne me satisfait pas. C'est sans doute aussi le cas de certains d'entre vous ? Parmi les spiritualités qui s'offrent à nous, celle de la Nation Lakota et des Amérindiens en général me paraît la plus proche de ce que je ressens. Et j'ajoute, je tiens à le souligner, que je respecte profondément ces Nations, que je ne viens pas ici piller leur culture mais en implorant leur secours.]

Pour vous qui n'avez pas encore lu ce livre, voici un passage qui me paraît essentiel, extrait de la version américaine de 1982 (pages 51 et suivantes) :

L'interprétation philosophique du sens de la vie et de la mort, la conception de l'au-delà, et la métempsychose de l'âme sont de la compétence des spécialistes rituels qui ont reçu le pouvoir d'interpréter par la communion avec le supernaturel. Bien que j'étudie les êtres sacrés, la cosmologie et les rituels dans les chapitres suivants, je crois qu'il est instructif de résumer d'abord les traits essentiels de la  religion des Oglala. Je dois signaler quelques variantes. En premier lieu, il n'y a pas d'accord général aussi bien dans les sources écrites que parmi les informateurs de la nature réelle des idées religieuses. Les croyances concernant un au-delà, par exemple, vont d'une croyance dans l'existence d'un lieu non spécifié où les esprits des humains et des animaux vivent dans un monde reflétant le monde "réel", à l'idée qu'il n'y a pas d'au-delà, mais que tous les esprits résident visiblement et invisiblement près de leurs parents.
En second lieu, je reconnais le danger de tenter d'nterpréter les concepts religieux de base des Oglala soit directement, soit par analogie, avec le regard d'un observateur occidental. Par suite, en traitant certains concepts de base pour interpréter la religion des Oglala, je proposerai le plus grand choix sémantique possible pour chaque concept plutôt que des traductions littérales. Finalement, les principes de la croyance Oglala, tels que je les présente, doivent être compris comme analytiques, et comme tels ils reflètent l'accord des pensées des hommes sacrés ; mais le langage et l'ordre de la présentation sont les miens. Voici ces principes :
- L'univers est composé d'une quantité finie d'énergie ; le bien et le mal sont par suite deux aspects de la même énergie.
- Les bons aspects de l'énergie sont gouvernés par Wakȟaŋ Tȟaŋka ; les aspects mauvais sont gouvernés par wakȟaŋ šiča (mal sacré).
- L'homme peut obtenir de la bonne énergie pour son propre usage en implorant Wakȟaŋ Tȟaŋka ; il peut obtenir de la mauvaise énergie en implorant wakȟaŋ šiča.
- Wakȟaŋ šica est subordonné à  Waḱȟaŋ Tȟaŋka, et l'homme est subordonné aux deux.
- L'énergie a deux aspects : visible et invisible. Le pouvoir de transformer l'énergie visible en énergie invisible, et inversement, est appelé t́ȟuŋ. Le  t́ȟuŋ de tout aspect invisible est son aspect visible.
- La transformation du visible vers l'invisible, et l'inverse, est nommée wakȟaŋ, tout comme l'état résultant.
- Les aspects invisibles doivent être craints.
- La vie et la mort sont toutes deux wakȟaŋ car dans la première un aspect invisible est transformé en aspect visible et dans la seconde l'inverse est produit. Le terme Lakota pour la naissance, la création, est t́ȟuŋpi (par exemple : Tohaŋ nit́ȟuŋpi he ? = Quand êtes-vous né ?).
- La vie est manifestée par ni ,"souffle, vie, vapeur". Si une personne devient faible, elle peut se fortifier en participant à la cérémonie de la hutte à sudation, inikaǧapi ,"créer la vie, le souffle, la vapeur".
- Lorsqu'une personne meure, son ni la quitte.
- Tous les êtres et pouvoirs surnaturels et tous les objets animés ou inanimés ont un pouvoir inné qui se manifeste par le concept ́šicuŋ. Tout être animé est né ou a été créé avec son propre ́šicuŋ, qui est immortel. Au moment de sa naissance, un homme reçoit un ́šicuŋ des esprits surnaturels ; c'est son esprit gardien et il l'aidera à éviter le mal. Lorsqu'il meurt, le ́šicuŋ rejoint les esprits surnaturels. Le ́šicuŋ est responsable des oscillations entre le bien et le mal, car un homme peut emprunter le ́šicuŋ d'un autre, ou être investi en permanence par celui-ci au moyen d'une cérémonie spéciale. Il peut accumuler de nombreux ́šicuŋ, auquels il fait appel pour l'aider en cas de besoin ; mais ce qui est gagné d'un côté est perdu de l'autre. Comme le ́šicuŋ des choses est immortel, la réincarnation est possible. Les hommes sacrés sont usuellement investis par le ́šicuŋ d'un homme sacré décédé.
- Un homme sacré obtient ses pouvoirs par des visions avec les esprits surnaturels. Pour accroître son pouvoir, il doit accumuler le ́šicuŋ d'autant d'objets animés ou inanimé que possible.
- Pour aider d'autres personnes à écarter la maladie ou le mal, il doit les investir avec une partie de sa propre accumulation de ́šicuŋ. Ainsi il doit faire face à un paradoxe : plus nombreuses sont les personnes qu'il aide, plus il donne de son ́šicuŋ ; plus il donne de son ́šicuŋ, plus il perd de son pouvoir.
- Chaque être animé ou inanimé a sa contrepartie qui est éternelle mais non vitale. On l'appelle naǧi. Wanaǧi est l'expression commune pour " fantôme, apparition". Le naǧi de quelqu'un ou de quelque chose est souvent considéré comme son ombre.
- Lorsqu'une personne perd son ni ,"vie ou souffle", son corps par la suite se décompose, mais son naǧi reste présent. Le wanaǧi, particulièrement tout de suite après la mort, est dangereux parce qu'il se désole pour ceux qu'il aime et va essayer d'entraîner sa famille à le rejoindre. Afin d'apaiser le  wanaǧi, les parents ou les personnes qu'il aime vont le "garder" pendant une année. La garde de l'âme est accomplie en nourrissant le  wanaǧi. Les hommes sacrés peuvent apprendre des choses de lui, particulièrement comment soigner les malades.
- Les wanaǧi des humains et des animaux habitent sur une butte à l'ouest. Après une année, ils sont nourris une dernière fois et partent vers le sud le long de la Wanaǧi T́ȟachaŋku ,"la route des âmes", c'est-à-dire la Voie Lactée. L'aura de la Voie Lactée est créée par leurs feux de camp.
- Quelque part à l'extrémité de la Voie Lactée ils rencontrent une vieille femme qui évalue leurs actes sur la Terre. Ceux qui furent bons poursuivent leur route jusqu'à un endroit qui reflète leur vie avec leur ni ; ceux qui furent mauvais sont poussés du bord d'une falaise, et leurs esprits mauvais sont laissés à l'abandon et hantent la Terre, où ils mettent les vivants en danger.
- Quelques uns croient que le wanaǧi vit pour toujours près de l'endroit où ils sont morts.
- Les wanaǧi sont particulièrement waḱȟaŋ parce que, bien qu'ils soient invisibles à la plupart des humains, ils sont visibles pour les hommes sacrés.

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Livre

30 mai 2011 à 20:21:20 par Natchez

Salut tout le monde

Un super bouquin que j'ai commandé chez fnac, d'Héhaka sapa "Les rites secret des indiens Sioux"

Natchez

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Re

31 mai 2011 à 10:59:33 par El Coyotos

Oui, c'est vrai, c'est un excellent livre dont voici le quatrième de couverture :

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Elan Noir (Hehaka Sapa) étaint un chef religieux de la tribu des Sioux Oglala. Les deux écrits qu'il nous a laissés, ses mémoires parues sous le titre ELAN NOIR PARLE et LES RITES secretS DES INDIENS SIOUX, recueillis respectivement par John Neihardt et Joseph E. Brown, sont considérés comme les deux grands classiques sur la religion des Indiens des plaines et Furent à l'origine de tout le mouvement de renouveau et de réhabilitation en faveur des Indiens.

LES RITES secretS DES INDIENS SIOUX (The Sacred Pipe) contient l'essence de l'héritage et de la tradition que les Indiens, jusqu'à il y a peu, s'étaient gardés de divulguer : l'histoire de la Pipe Sacrée, les rites de purification, l'imploration d'une vision, la danse sacrée, les rites d'apparentage, le jeu de la balle. Ils estimaient que ces choses étaient trop sacrées pour être communiquées à n'importe qui. Mais aujourd'hui, à l'approche de la fin d'un cycle, ils ont décidé qu'il était permis et même souhaitable de les révéler au grand jour...

Lorsque Elan Noir reçut l'histoire de la Pipe Sacrée, le précédent "gardien du calumet" lui confia qu'elle devait être «transmise de génération en génération. Car tant qu'elle sera connue et que le Calumet sera en usage, notre peuple vivra; mais dès qu'elle sera oubliée, notre peuple n'aura plus de centre et périra.» Chez Le Mail de Joseph E. Brown

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