Situé sur un plateau qui domine le Nouveau Mexique, le village d'Acoma est occupé depuis huit siècles et demi sans la moindre interruption.
Près de trois cent cinquante ans avant que Chritophe Colomb ne découvre l'Amérique, des Amérindiens vivaient déjà dans le village d'Acoma situé dans l'actuel Nouveau Mexique.
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Aujourd'hui, près de cinq cents ans plus tard, non seulement le village est toujours là, mais les Indiens n'en sont jamais partis.
Fondant leurs conclusions sur des éclats de poterie trouvés sur le site, ainsi que sur la tradition orale, les archéologues estiment que ce village est le plus ancien site habité en permanence en Amérique du Nord, avec plus de huit siècles et demi de présence humaine ininterrompue.
Non loin de la sortie de l'Interstate 40, à environ une heure à l'ouest d'Albuquerque, la capitale du Nouveau Mexique, le village se dresse sur un site quasi inaccessible, qui lui assurait une excellente position défensive contre les envahisseurs Apaches ou Navajos.
Acoma est en effet perché sur un plateau de près de 30 hectares entouré de falaises hautes de plus de 110 mètres, un site qui lui a valu le surnom de Sky City (la cité du ciel).
Le village fut découvert en 1539 par le conquistador espagnol Francisco Vàzquez de Coronado, qui en fit la description suivante : "C'est l'une des places les mieux défendues que nous ayons jamais vues. La ville se trouve sur un haut plateau, à laquelle on accède par une pente très raide qui nous a fait regretter de l'avoir empruntée."
Une petite cinquantaine de descendants des premiers habitants résident encore à l'année dans ce village formé de près de 300 maisons d'adobe à toit en terrasse, tandis que 2 500 autres Indiens Acomas vivent dans les alentours.
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Nombre d'habitations traditionnelles sont encore dotées d'échelles de bois pour accéder aux pièces à vivre, à l'étage. Leur rez-de-chaussée sert en effet de lieu de stockage.
Mais la plupart des maisons du village sont aujourd'hui des résidences secondaires où l'on vient pour célébrer les grands événements et les fêtes culturelles. A bien des égards, la vie s'écoule dans le village comme en 1150.
A l'extérieur de la plupart des maisons, de petits fours en forme de ruches servent encore à cuire le pain. Acoma n'a ni l'eau courante ni l'électricité. Et, à en croire Todd Scissions, directeur de l'Acoma Historie Préservation Office, aucun raccordement n'est en projet.
La situation d'isolement du site a demandé aux habitants des efforts titanesques : le plateau se résumant à un rocher gigantesque n'offrant ni terre ni eau - Acoma signifie d'ailleurs "peuple du rocher blanc" - toute la nourriture et tous les matériaux de construction ont dû être portés au sommet à dos d'homme.
Les Espagnols gardèrent une attitude amicale jusqu'en 1599, date à laquelle le gouverneur Juan de Ofiate fit exterminer la quasi-totalité des villageois en représailles à la mort de son frère, entré en conflit avec les Acomas au sujet de silos à grains.
En 1629 débuta la construction de l'église de la mission San Esteban deI Rey (photo ci-dessous). Encore ouverte de nos jours, c'est l'une des plus vieilles églises missionnaires d'Amérique. Située sur le point le plus élevé du plateau, derrière des murs d'enceinte de 3 mètres d'épaisseur et une entrée flanquée de deux clochers, la mission s'étend sur près de 2 000 mètres carrés.
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Bien qu'elle ait été construite sous la direction d'un franciscain espagnol, les habitants d'Acoma insistèrent pour que soit utilisé l'adobe, le matériau de construction traditionnel, afin que le bâtiment résiste à la rudesse du climat désertique. Elle est aujourd'hui classée monument historique.
Outre sa riche histoire, Acoma est réputé pour les poteries que fabriquent les familles du village. Les pièces produites par les potiers les plus renommés sont façonnées dans des familles où cet art est pratiqué depuis des siècles et peuvent se vendre plusieurs milliers de dollars. Sur le plateau, il est fréquent de voir les familles installer une table pour vendre leurs poteries.
L'argile que l'on trouve sur place est modelée, puis lissée à la main, sans utilisation d'un tour. Les pièces aux parois très fines et au style très particulier deviennent blanches à la cuisson. Des motifs délicats et très anciens sont généralement peints à la main sur l'argile. Les représentations de perroquets sont fréquentes, l'animal aurait été introduit dans la région à l'époque où les Acomas commerçaient avec les Aztèques et les Mayas.
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Aujourd'hui encore, il semble que l'isolement et les fortifications naturelles du plateau continuent de protéger les Indiens Acomas, mais d'un mal que leurs ancêtres n'auraient jamais pu imaginer : à seulement 23 kilomètres du village historique, en bordure de l'interstate 40, clignote en effet l'enseigne du casino indien de Sky City. Quelques minutes de voiture suffisent au visiteur pour parcourir huit cent cinquante ans d'histoire et plonger résolument dans la modernité.
Source : Saint Louis Post-Dispatch par Jim Winnennan
Visiter Sky City
Les guides Native Acoma effectuent des visites guidées de Sky City. Le magnifique centre culturel Sky City et le musée Haak'u (lien ci-dessous) offrent un bon aperçu de l'histoire vivante et de la culture d'Acoma.
Le musée Haak'u expose certaines des plus belles poteries Pueblo et de l'art Amérindiens du sud-ouest créées par des artistes Amérindiens de renom. Des expositions permanentes dans le hall principal emmènent les visiteurs dans un voyage historique d'Acoma Pueblo, tandis que des expositions spéciales présentent des artefacts indiens et des poteries historiques amérindiennes.
Crédit photo : Sepehr Ehsani - Licence : CC BY-NC-ND 2.0
Au théâtre Ts'ikinum'a, les visiteurs peuvent découvrir l'histoire et la culture d'Acoma à travers des vidéos. Les potiers fabriquent toujours la poterie distincte et fortement recherchée à paroi mince, qui est disponible partout dans le pueblo. Le restaurant Yaak'a (maïs) sert des plats natifs de l'Acoma et du Nouveau-Mexique.