né vers 1840 et mort le 21 septembre 1904, de son vrai nom In-Mut-Too-Yah-Lat-Lat (Tonerre roulant dans les hauteurs) était un chef amérindien de la tribu des Nez-Percés.
Il est né dans la vallée de Wallola, dans l'état de Washington, d'un père Cayuse appelé Vieux Chef Joseph et d'une mère Nez-Percé.
Il devient chef de la tribu partir de 1871 suites à la mort de son père. Il se trouva rapidement impliqué dans le combat de résistance contre l'envahissement des terres de son peuple par les colons étasuniens, la situation étant encore aggravée par la découverte d'or. Un traité préparé en 1868 par le gouvernement étatsunien dans le but d'évincer les Nez-Percés des terres aurifères avait causé une scission entre les partisans et les opposants. Chef Joseph choisit le camp des opposants et conduisit la résistance face aux blancs. Le général Oliver O. Howard fut nommé pour résoudre le problème mais ses troupes furent anéanties dans un combat a White Bird Canyon.
Joseph remporta encore plus d'une douzaine de batailles contre l'armée étasunienne mais il réalisa que tôt ou tard son peuple serait surpassé en nombre. Il conduisit une retraite forcée, la poursuite des Nez-Percés, de 2400 kilomètres vers le Canada, emmenant 750 guerriers, femmes et enfants à travers les Montagnes Rocheuses et le Missouri. Le 30 septembre 1877, alors qu'ils campaient, affamés, malades et épuisés à moins de 65 km de la frontière canadienne, ils furent rejoint et attaqués par le général Nelson A. Miles. Ils réussirent à tenir l'ennemi à distance pendant plusieurs jours mais finirent par se rendre le 5 octobre 1877.
Malgré les promesses de Miles, les survivants ne purent retourner sur leurs terres et ils furent envoyés dans le Territoire Indien (l'actuel Oklahoma) ou nombre d'entre eux moururent. Joseph accompli plusieurs voyages à Washington, DC afin d'obtenir le retour vers la vallée de Wallola qui ne rencontrèrent qu'indifférence de la part du gouvernement.
Il fut finalement autorisé à retourner à Colville dans l'état de Washington où il mourut le 21 septembre 1904
Chef Joseph prononça un discours émouvant le 14 janvier 1879 devant le Congrès qui reste encore un modèle d'éloquence à ce jour et dont voici une des traductions :
«J'ai serré la main à beaucoup d'amis, mais il y a des choses que je veux savoir et que pas un ne semble capable d'expliquer. Je ne peux pas comprendre comment le gouvernement qui envoie un homme combattre, comme il le fit avec le général Miles, peut ensuite rompre ses promesses. Un tel gouvernement a quelque chose de mauvais en lui... Je ne comprends pas pourquoi rien n'est fait pour mon peuple. J'ai entendu discours après discours mais rien n'est fait. Les bonnes paroles ne servent à rien s'il n'en sort quelque chose.. Les paroles ne me rendent pas mes morts. Elles ne me rendent pas mon pays envahi aujourd'hui par l'homme blanc. Elles ne protègent pas la tombe de mon père. Elles ne me rendent pas mes chevaux et mon bétail.
Les bonnes paroles ne me rendent pas mes enfants. Les bonnes paroles ne changeront rien à la promesse de votre chef de guerre le général Miles. Les bonnes paroles ne donnent pas bonne santé à mon peuple, et ne les empêchent pas de mourir. Les bonnes paroles ne donneront pas à mon peuple un lieu où ils puissent vivre en paix et prendre soin d'eux-mêmes.
Je suis fatigué des discours qui ne débouchent sur rien. J'ai le cœur malade quand je me rappelle toutes les belles paroles et les promesses non tenues. Il y a eu trop de paroles venant d'hommes qui n'avaient pas droit à la parole. Trop de mauvaises interprétations ont été faites. Trop souvent les hommes blancs se sont mépris sur les Indiens.
Si l'homme blanc veut vivre en paix avec l'Indien, il peut vivre en paix. Il n'est pas nécessaire de se quereller. Traitez tous les hommes pareillement. Donnez leurs à tous une chance égale de vivre et de croître. Vous pouvez aussi bien attendre des rivières qu'elles coulent à l'envers, qu'exiger de n'importe quel homme libre qu'il soit content d'être enfermé et que la liberté d'aller où bon lui semble lui soit refusée. Si vous attachez un cheval à un piquet, vous attendez-vous à ce qu'il grossisse ? Si vous parquez un Indien dans un coin de terre et que vous l'obligez à rester, il n'y sera pas content et il ne croîtra ni ne prospèrera.
J'ai demandé à certains grands chefs Blancs d'où ils tenaient le droit de dire à l'Indien qu'il resterait dans un endroit alors qu'il voit les hommes blancs aller où ils veulent. Ils ne peuvent me répondre. Ce que je demande au gouvernement, c'est d'être traité comme les autres hommes sont traités. Si je ne peux pas aller dans mon propre foyer, donnez-moi un foyer où mon peuple ne mourra pas si vite.
Je sais que ma race doit changer. Nous ne pouvons rester tels que nous sommes à côté de l'homme blanc. Nous ne demandons qu'une chance égale de vivre comme tous les autres hommes vivent. Nous demandons à être reconnus comme des hommes. Nous demandons que la même loi soit appliquée pareillement à tous les hommes. Si un Indien viole la loi, punissez-le par la loi. Si un homme blanc viole la loi, punissez-le aussi.
Rendez-moi ma liberté - liberté de voyager, liberté de m'arrêter, liberté de travailler, liberté de faire du commerce là où je le choisis, liberté de suivre la religion de mes pères, liberté de penser et d'agir pour moi-même - et j'obéirai à chaque loi ou je me soumettrai au châtiment.»