Fondé en 1834 pour nourrir (mal) et loger (affreusement) les tribus réchapées de la tourmente des guerres indiennes, le B.I.A, ou Bureau des Affaires Indiennes, n'a jamais eu bonne réputation.
Le plus souvent complices des colons et des trafiquants, les agents du B.I.A, méprisaient les Indiens et touchaient sur tous les tableaux, celui de l'alcool en particulier, justement parce qu'il était interdit.
De réforme en réforme, le B.I.A est devenu un honorable organisme fédéral dépendant du ministère de l'Intérieur. Dirigé depuis Washington avec relais dans une superintendance installées dans les réserves ou les capitales d'états, il entretient une armée de fonctionnaires. Les superintendants ont remplacé les agents. Ce sont des technocrates honnêtes à l'âme de bureaucrates.
Leur réputation a changé de nature mais ne s'est pas améliorée. Ils travaillent sur dossiers, tapis au centre de ce gigantesque fromage administratif qu'est le budget des Affaires Indiennes. Le monstre commence par se gaver de paperasses et de dollars mais laisse quand même échappé quelques brides substantielles dans le domaine de la santé, de l'éducation et de l'habitat. Trop peu au goût de nombreuses tribus, d'où des tensions fréquentes entre les deux pouvoirs, celui du B.I.A et celui des gouvernements tribaux.
Tout n'est pas mauvais cependant. Le B.I.A veille plutôt bien que mal sur l'intégrité des territoires indiens, toujours en proie à la convoitise.
Il les défend même parfois contre leurs propriétaires eux-mêmes. Par le canal du B.I.A parviennent également aux tribus de très nombreuses subventions. Selon une coutume établie par Le Président de la République des Etats Unis depuis le milieu des années 70, le commissaire général aux Affaires Indiennes est désormais un Indien.
De très nombreux superintendants sont Indiens, ainsi qu'une bonne moitié du personnel du B.I.A et cette proportion augmente constamment. Il se crée ainsi une nouvelle classe d'Indiens de bureau qui n'a pas toujours bonne presse dans les réserves. On les appelle Uncle Tomahawk (par analogie avec Oncle Tom, le bon nègre) ou Apples (pommes), rouges au-dehors mais blanc à l'intérieur.